Le Trésor d’Orphée, Paris 1600
En France, le paysage de la musique de luth fut lourdement affecté par les guerres de religions de la fin du XVIe siècle. Après 1571, année de publication du dernier recueil connu d’Adrian Le Roy, plus rien ne semble avoir été publié et il faut attendre l’année 1600 pour assister à la reprise de l’activité luthistique avec la publication à Paris du Trésor d’Orphée d’Anthoine Francisque.
Il semble qu’un unique exemplaire de l’œuvre ait survécu à ce jour, il est conservé à la bibliothèque nationale à Paris. Soigneusement imprimé par les soins de la maison d’édition Ballard (anciennement Le Roy & Ballard) avec les mêmes caractères que ceux utilisés trente ans plus tôt pour l’édition du livre d’Airs de cour d’Adrian Le Roy (1571), l’ouvrage propose 71 pièces réparties comme suit : Deux adaptations de polyphonie vocale, 7 pièces libres (Fantaisies, préludes), 62 danses.
La composition générale du recueil où voisinent les adaptations de polyphonie, les pièces libres et les danses ne déroge que peu par rapport au contenu des recueils de tablature publiés pendant le XVIe siècle. Néanmoins, les deux pièces qui pourraient se ranger dans le type « adaptation » sont particulièrement atypiques. La Suzanne un jour de Roland de Lassus, chanson très connue et appréciée à l’époque et qui fit l’objet de nombreuses adaptations instrumentales, est à peu près méconnaissable dans la version qu’en donne Francisque.
Quant à la Cassandre qui clos le recueil, il ne s’agit pas à proprement parlé d’une polyphonie vocale puisque la pièce semblerait plutôt avoir pour origine un Branle coupé nommé Cassandre tel qu’il apparaît dans le célèbre traité de danse Orchésographie publié par T. Arbeau en 1588.
De l’examen des 2 fantaisies et des 5 préludes, il ressort que le style de composition de Francisque se situe bien à une époque de rupture où la forme de la fantaisie, tout en restant attachée à l’écriture contrapuntique, perd chez les luthistes le rôle de premier plan qu’elle avait eu pendant le XVIe siècle tandis que le prélude, par ses caractéristiques harmoniques paraît bien conçu comme introduction tonale à une suite de pièces, telle qu’elle se développera au long du XVIIe siècle.
Antoine Francisque (1570-1605)
Anthoine (Antoine) Francisque est né vers 1570/75 à Saint Quentin dans le Nord de la France. Il semble avoir séjourné ensuite à Cambrai où il épousa en 1596 la fille d’un aubergiste, Marguerite Behour. On ignore tout de sa formation musicale. On le retrouve à Paris au début du XVIIe siècle où il est installé rue Sainte Geneviève (Paroisse de Saint Etienne du Mont).
Il est fort probable qu’il participa alors à la composition et à l’exécution de la musique des ballets de cour, spectacles musicaux joués et dansés qui précèdent l’arrivée de l’opéra et qui sont alors réservés à la noblesse. Signalé comme maître de luth, il dût très certainement enseigner son instrument.
C’est en 1600 qu’il publie l’unique recueil de pièces de luth en tablature que nous lui connaissons intitulé Le Trésor d’Orphée. Ce titre répond à une mode qui verra bientôt apparaître d’autres recueils comme le Thesausus Harmonicus (ou Trésor harmonique de Jean-Baptiste Besard, 1603) ou encore le Secret des Muses (de Nicolas Vallet en 1618) et d’autres encore.
Seuls trois documents d’archive mentionnent encore le nom de Francisque, l’un en 1601 qui fait référence, en l’absence d’enfant, d’un acte de donation mutuelle entre époux, l’autre en 1605 signale le baptême de son filleul Antoine Rebans, fils d’un autre luthiste de ce temps. Le dernier nous apprend le décès de Francisque en octobre 1605 à Paris où il est inhumé dans la paroisse de Saint Séverin.
Joël Dugot | Le Luth Doré ©2015
Susane un jour
Susane un jour d'orlande
Fantaisies
Fantaisie
Fantaisie
Préludes
Prélude
Prélude
Prélude
Passemaises
Passemaise
Passemaise
Passemaise
Pavanes
Pavane Espagnolle
Pavane d’Angleterre
Pavane d'Angleterre
Gaillardes
Fin de Gaillarde
Gaillarde
Gaillarde Gaillarde
Les Branles simples
Premier Branle simple
Second
Troisiesme
Quatriesme
Cinquiesme
Sisiesme
Branles de Poitou
Premier Branle de Poitou
Second
Troisiesme
Branles doubles de Poitou
Premier Branle double de Poitou
Second
Branles de Montirandé
Premier Branle de Montirandé
Second
La Gavotte
Gavotte
Branles à cordes avalées
Premier Branle simple a cordes avalées
Second
Troisiesme
Quatriesme
Branle gay
Premier Branle de Poitou
Second
Branle double du Poitou
Gavotte
Pavane
Pavane
Après des études supérieures en philosophie, Joël Dugot s’est consacré à la facture instrumentale, notamment à celle du luth.
En 1977, il a fondé la revue Musique Ancienne qui parut jusqu’en 1989. En 1984, il prit une part active à la création de la Société Française de Luth, qu’il a présidé jusqu’en 2005.
Il est entré en 1987 au Musée Instrumental du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.
Il a collaboré aux thèmes de recherche du Laboratoire d’Organologie et d’Iconographie musicale du CNRS.
Il a fait partie de l’équipe du Musée de la Musique comme conservateur chargé des instruments à cordes pincées et des bois jusqu’en décembre 2012, date de son départ en retraite.
Musicien, Richard Civiol a choisi d'étudier le luth et le théorbe, instruments qui avaient disparu des orchestres contemporains. Il est titulaire d’un Premier Prix d’écriture musicale.
Il aborde avec le même enthousiasme les répertoires renaissance et baroque des divers instruments de la famille des luths et il pratique la basse continue.
Il est membre de l’ensemble « Les Musiciens de Mademoiselle De Guise » dirigé par Laurence Pottier, qui se produit tant en France qu'à l’étranger, et avec lequel il a enregistré plusieurs CD. Il est aussi membre de l’ensemble de musique de chambre « L’Oiselière » et il collabore à l'occasion avec d'autres ensembles, orchestres ou chorales comme « La Fabrique à Théâtre », le chœur de chambre « Les Tempéraments » ou avec Jean-François Frémont, Didier Bouture, Christophe Sam, Romain Champion, etc.
Il a également entrepris un vaste travail de copie et de reconstitution de musique pour luth, théorbe et vihuela.
• Éditeur(s) : Joël Dugot & Richard Civiol
• Période musicale : Renaissance
• Instrument(s) : Luth Renaissance 8c/10c
• Instrumentation : Luth Renaissance solo
• Notation : Tablature française
• Édition moderne : Urtext
• Éditeur : Éditions Urtext Le Luth Doré
• Année de publication : 2015
• Collection : Lute and Theorbo Music Collection
• Pages : 90 pp.
• Dimensions : 230x310 mm
• Poids : 0,320g
• Reliure : Dos carré collé cousu
• ISMN : 377-0-0017-8806-7
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Le Luth Doré ©2015